LA BATAILLE D'ESKANDAR de Samuel Gallet _ Mise en scène Emilie Flacher _ 12e promo de l'ESNAM
Pour
échapper aux huissiers, une femme rêve d’un séisme qui les ferait
disparaître. Ainsi le chaos lui permettrait-il de se reconstruire,
autre, avec Mickel, son fils de huit ans et demi. L’urgence est telle et
le rêve si fort que
la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la
nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves
s’échappent et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu
partir. Parmi eux Thomas Kantor, un obscur criminel en cavale.
Lors de la lecture de la pièce La Bataille d’Eskandar, Emilie Flacher y a vu immédiatement un écho avec la crise que nous traversons et une belle matière pour la marionnette et les jeunes marionnettistes. Avec cette pièce, Émilie Flacher souhaite fabriquer une sorte de théâtre-paysage où crise intime et crise climatique se contaminent l’une l’autre. Quand la fiction permet de conjurer la catastrophe, cette dernière devient une aubaine jubilatoire pour réinventer le monde.
Emilie Flacher - Compagnie Arnica
La cartographie des lieux dans lesquels il y a des circulations, des courses, de dédales, des échos, des espaces superposés... la ville, les avenues, les trottoirs, magasins, immeubles, supermarché, la montagne au loin. Le près et le le lointain. l’évoqué et le montré.
L’Ecole, le toit de l’école, la salle de classe réaménager en dortoir, le réfectoire, les portes barricadées, le chemin de Mme Fonbanel dans le dédale de l’école à la recherche de son fils, la trajectoire de Mickel pour retourner chez lui dans la ville. le quartier sud abandonné. Les lieux évoqués, le zoo, l’université centrale, la mer en bas de la falaise ...
La poussière, les sacs de sable, les particules de poussières dans l’air tiède, les gravats, le béton dans la bouche, les parpaings... Penser à la gravure, les crevasses, l’effondrement, les dessins.
Imaginer des matériaux qui servent la narration par leur qualité, le placoplatre, le gypse-rock, bande platré, sable.
Imaginer un enfant qui dessine. Sur le sol, sur les murs, sur du papier, dans la poussière... des constellations, des silhouettes, la ville d’avant, d’après.
Interroger les échelles des situations de marionnettes. La possibilité pour les manipulateurs de disparaitre, de se fondre. Le fond qui s’efface pour laisser voir le noir de la nuit.
Imaginer des murs de cuisine en arrête, parer de matériaux précaires en guise de mur. Qui puissent trembler, chuter, disparaitre et s’agglutiner au sol, créer des effets de recul, de zoom, de tremblement. Imaginer un ballet chorégraphique d'une architecture de cuisine qui devienne ville déconstruite.
Imaginer les éléments, îlots de cuisine qui puissent se renverser, se ré-assembler et devenir ville.
Imaginer de la poussière, du sable, des gravats. D’où viennent-ils? Comment arrivent-ils, du dedans ou du dehors? Se déversent des armoires, du ciel? Est-on dans le réel et ou dans le fantasme de Mme de Fontbanel?